Catégorie:
Cinéma
SousCatégorie:
Cinéma
Nom :
Tiziana Manfredi

Tiziana Manfredi au Dak’art – Biennale 2018

J’avais croisé Tiziana durant la 13ième biennale de Dakar, à la Villa rouge le jour du Vernissage de l’exposition Bridge organisait par le Musée de la photographie de Saint-Louis. L’artiste vidéaste d’origine italienne y exposait une installation très intéressante mais je n’avais pas eu l’occasion d’échanger avec elle sur ce projet. C’est donc quelques jours après la clôture de la Biennale, que Tiziana Manfredi me retrouvait à la boite à idée pour échanger autour de ces dernières installations…

@tiziana_in_utopia de passage à la #Ideaboxdk pour une #interview #WakhArt #videaste #Biennale #Off #team221 #dakart18 ☺️✌🏿😎

Le Bridge

Tiziana : «  J’ai fait deux expositions dans le cadre du Bridge organisé par le Musée de la photographie de Saint-Louis, articulées entre Dakar et Saint-Louis. A Saint-Louis, dans une annexe du Musée, qui est en réalité la Maison du Maroc, j’ai monté une installation sur l’eau, précédemment exposée à Gorée.  L’image était doublée et plus grande en terme de proportion, parce que l’espace était plus important. Ca ressemblait un peu à une cathédrale avec des murs de briques rouge. C’était très beau.

A Dakar, à la villa rouge, j’ai monté une installation en extérieur avec un vieux téléviseur face à un point d’eau. Je me suis inspirée du mythe d’Orphée et de l’état d’âme des êtres qui sont obligés de se réincarner et de toujours répéter les mêmes choses. C’est une danse de trois personnages bloqués dans ce téléviseur, qui se mêlent, qui explosent, qui parfois nous regarde et nous interpellent. Le reflet de ces images dans l’eau faisait aussi référence au mythe de Narcisse et à cette vanité qui peux être présente chez les êtres.»

Liquid Lanscape à St. Louis à l’annexe du Musee, Maison du Maroc

Orpheus Dance à Dakar à Fann Hock à la Villa Rouge

C’était une première collaboration avec le Musée de la photographie?

Tiziana : « Une première oui, mais qui a commencé pendant le Forum de Saint-Louis. Il y’avait l’ouverture officielle du Musée. Salimata Diop, la Directrice m’a invité à monter une installation pour l’occasion. Pendant le Forum mon installation était projetée dans la cour mais l’espace fermait à 19h. Du cout, il y’avait beaucoup de gens qui n’ont pas pu la voir. Donc pour la biennale j’ai présenté la même installation à Saint-Louis, mais cette fois ci, monté dans une salle pour ne pas avoir la contrainte de l’obscurité. »

BRIDGE _ Dakar, St. Louis Dak’art 2018 OFF http://www.muphostlouis.com/bridge

Participation à l’URBI

Tiziana : « J’ai travaillé aussi sur des vidéos installations dans le cadre du URBI. C’est une section parallèle du « In » de la Biennale. Ca concerne des projets dédiés à l’espace publique, l’espace urbain. Ces installations sont une réflexion sur le patrimoine matériel et immatériel. J’ai proposé cette recherche aux enfants d’une école primaire. On a inscrit notre travail de recherche à la date d’inauguration du Palais de Justice 1958. Pour l’aspect matériel, on a travaillé sur ce monument qui est passé de quelque chose de très institutionnel à un espace d’expression artistique. Autour de la question, comment on peut transformer les choses et les lieux ? On a aussi travaillé sur une réflexion autour de l’architecture coloniale sahélienne. J’ai proposé des images de l’hôpital de la médina et la polyclinique.

1958 c’est aussi de la littérature, avec Birago Diop et son œuvre le Souffle des Ancêtres, et de la musique, avec un artiste nigérien qui travaillait sur les percussions. C’est une période très créative. Les Enfants ont pris des photos des monuments, puis ils ont fait des créations graphiques et toutes ces créations ont été numérisées et montées sur une bande vidéo pour créer un paysage imaginaire réfléchis par les enfants à partir de leurs intuitions. Tout ca a été présenté au Palais de Justice pendant la Biennale. C’était important pour moi de travailler avec les enfants. Qu’ils apprennent de leurs histoires pour ne pas reproduire demain les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs.

Je prépare avec des étudiants d’une école d’architecture, ( IPP) des ateliers du même type. J’ai envie de les questionner sur ce qui il y’a autour de Mermoz en terme de mémoire architecturale. Est-ce qu’on est inscrit dans un renouvellement ou une modernisation… ? Si on oublie l’histoire, on peut la nier et c’est là ou ca peut être dangereux pour le patrimoine d’une ville ou d’un état. Toute cette matière sera accumulée pour ensuite avoir une cartographie de la ville, des regards de différents âges sur différents quartiers de Dakar.

REFLET DU FUTUR _ Dak’art IN URBI 2018  https://www.flickr.com/photos/tizianamanfredi/albums

Dans le contexte de l’Urbi, j’ai fait une autre vidéo qui a été projeté à la Gueule Tapée (Médina) , toujours sur le même principe de la mémoire.  Celle-ci a été tournée à Ouakam en 2016, elle s’intéresse au quotidien du village de Ouakam qui est un espace rurale encastré dans l’urbanité de la ville. Des pratiques, du mode de vie, des traditions, des gestes simples qui ont une signification très forte au niveau de la vie, du quotidien des sénégalais. Pendant les moments de projections à la Médina, les gens me demandaient si les images venaient de Guinée ? Ils étaient étonnés de voir ce village qui est pourtant installé dans Dakar. Ca faisait un très fort contraste entre l’urbanité de la Médina et le coté rurale de ce village. »

Des projets pour cette fin d’année ?

Tiziana : « Oui, La pièce sur les oiseaux. J’aimerais récupérer une pièce interactive que j’avais développée à Keur Thiossane en 2014 pour la Biennale.  On me la demande souvent. J’aimerais donc la renouveler, la rendre plus légère pour pouvoir la proposer dans d’autres espaces mais aussi pour qu’elle soit autonome. A l’époque j’avais du travailler avec un programmateur précis (du centre Keur Thiossane ) pour pouvoir tout mettre en place. J’aimerais que cette fois-ci, le circuit tienne dans la cage aux oiseaux (qui est d’ailleurs une vraie cage). Comme ca elle pourra être présentée dans des musées où des galeries, qui n’ont souvent pas les équipements techniques suffisant pour pouvoir prendre en charge ce type d’œuvre. Il faut que j’achète du matériel technique, qui a un certain coût. Donc je suis dans les dossiers pour trouver des bailleurs de fonds pour pouvoir financer le projet. »

Une publication partagée par Wakh’art Sn (@akyasy) le 8 Juin 2018 à 10 :23 PDT