Je me rendais à l’Atelier Céramiques aux Almadies, le fief du céramiste Maoro Petroni. Hermann B y exposait au coté de Cécile Ndiaye, artisane, designer plasticienne. Par le passé j’avais eu l’occasion de découvrir la griffe de Cécile , Mis Wude (Rappelez-vous de cette interview ).  Cette fois-ci, Cécile exposait un travail plastique conçu à la main afin de valoriser les savoirs faire traditionnels locaux, comme Bénédicte Samson l’expliquait dans un superbe texte dédié à l’exposition. (son site) Ainsi je décidais d’interroger Hermann B que je découvrais donc à cet instant.

Hermann B

« Pendant longtemps je me suis considéré comme un artisan mais je commence à me définir comme designer. Plus jeune j’ai eu un accident qui a paralysé mon bras et ma main gauche. A cause de cette paralysie on m’a souvent dit que je ne pourrais jamais travailler le bois. Pourtant j’aime cette matière et je le travail à une main depuis 2011. A cette époque là, j’ai vendu une affaire et je suis repartie de rien. J’ai décidé de me dédier à cette pratique. »

Artisan devenu Designer ?

« Mon travail a évolué, au départ j’étais dans des modèles plus brutes ! Aujourd’hui les lampes ont des formes plus évoluées, les finitions sont bonnes. Les acheteurs, les clients de longue date et mon entourage m’ont fait des retours positifs et m’ont encouragé à porter cette nouvelle casquette, celle du Designer. Chaque pièce a quelque chose d’unique, même si elle peut faire partie d’une série de quatre à cinq pièces. Je ne travaille jamais sur commande, ma création part toujours d’une envie, d’une idée, d’un croquis que je dessine. C’est un travail très lent, qui peut facilement prendre dix à quinze jours. Il y’a des jours où l’envie n’est pas là, d’autres où je casse tout… »

Les lampes

«  L’objet est construit dans une dynamique d’assemblage et peut être démonté. C’est pratique notamment quand on voyage. Là je suis venue de Nouakchott en voiture avec les lampes démontées. J’ai pu ensuite les remonter pour l’exposition. Ainsi elles n’ont pas souffert du trajet. Souvent j’ai des clients expatriés qui partent avec l’objet et le rassemblent arrivés chez eux.

Les forces me viennent à l’esprit. Je les dessine. Au bout d’un moment j’avais besoin que les formes se complexifient, c’était un challenge. Certaines formes sont presque des labyrinthes. »

Le bois

« J’aime cette matière. J’ai toujours été attiré par le bois qui change de couleur, de texture en fonction du travail qui est fait. Mes lampes sont en bois fraqué , un bois que vous avez beaucoup ici au Sénégal. A Nouakchott, nous avons deux types de bois celui-ci où le bois rouge qui nous vient du Cameroun, mais il est plus dense, donc plus difficile à travailler.  Il donne aussi un effet plus ancien, plus kitch qui ne va pas forcément avec la démarche dans laquelle je suis actuellement. »

La Mauritanie

«  Je vis en Mauritanie depuis 16 ans, je m’y suis installé. J’ai toujours été bien à Nouakchott. C’est calme, très tranquille. Je m’y plais bien ! »

Dakar

« La première exposition que j’ai fait en Dakar, c’était en 2018, lors de la Biennale Dak’Art. Cécile qui est une amie de longue date, m’avait inscrit, sans rien me dire et m’a appelé après que ma candidature avait été retenue. Du coût je suis venu avec peu de lampes, j’ai rassemblé celles que j’avais chez moi  pour pouvoir présenter quelque chose à Dakar. Après cela on c’est dit qu’on allait refaire une exposition ensemble hors biennale. Je trouve que nos travaux se complètent bien. Cécile est également présentée dans notre galerie ZeinArt à Nouakchott. »

Le publique

«  J’ai peu de clientèle Mauritanienne mais ils commencent à s’intéresser à l’art et passe de plus en plus à la Galerie. J’ai pour le moment plus de client expatrié. Au niveau de ZeinArt, on essaye de faire une exposition tous les mois afin de présenter des artistes de la sous région, Sénégal, Mali Burkina.
On travaille directement avec des artisans Mauritaniens en collaborant pour créer des objets que lient leur savoir faire au design.

Tous nos clients à Nouakchott réclament des produits, vu que je préparais l’exposition à Dakar, il n’y avait rien à vendre pour la scène Mauritanienne . Donc je vais maintenant je vais me consacrer à la Galerie et me dédier au travail et à la recherche des formes… »

Un conseil ?

«  Dessiner ! J’ai vu beaucoup de belles choses ici, mais il y’a pas de travail de finition. Donc je leur conseillerais de passer plus de temps sur les finitions. Je trouve cela dommage. Il ne faut pas se précipiter. Après je comprends, c’est vrai que parfois je passe autant de temps à faire le travail de finition que le travail sur la lampe. »

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