La Factory – Ousmane Faye
J’ai rencontré Mr Faye lors d’une réunion d’organisation sise au Goethe Institut. Après avoir échangé quelques instants, Ousmane me parle de son espace situé à Golf, La Factory. Curieuse de découvrir ce lieu dédié à la formation professionnelle dans le secteur de l’audiovisuelle et de la musique, je m’y rendis quelques jours plus tard. Rokhaya administratrice de l’espace me reçu chaleureusement en attendant l’arrivée de Mr Faye, qui ne tarda pas à arriver.
Le Volet Formation
La Factory propose des Formations dans le domaine de la musique à travers des spécialisations en ingénierie du son, entreprenariat, développement personnel chant et audiovisuelle. L’espace dispense des cours théoriques et un cadre d’application pratique.
« Les profils que nous recevons sont des techniciens de sons, des producteurs ou des artistes. Nous les choisissons via un appel à candidatures. Ils s’inscrivent avec un formulaire et après avoir passé l’entretien, ceux qui répondent aux critères sont sélectionnés. Leurs formations de six à dix mois sont prises en charge par des partenaires. En ce moment ils organisent des activités dans les écoles. C’est un sous volet éducation citoyenne. A la fin ils font une restitution dans les écoles. L’objectif c’est de les sensibiliser à l’action citoyenne et en même temps de sensibiliser le public. A la fin de leur formation ils font une restitution de leurs six ou dix mois d’apprentissage.
La formation de la Factory c’est aussi une ouverture sur l’industrie musicale. Nous tenons à monter à ces jeunes qu’il y’a différents métiers et qu’avec une voix il est possible de faire différentes choses, des doublages pour le cinéma, de la voix off, de la musique etc. On veut réveiller le talent mais aussi essayer de les orienter sans les détourner de leurs vocations. Synapse Center est derrière ce que nous faisons et aident à prendre en charge le paiement des professeurs, le déplacement des élèves mais surtout à donner accès à ce type de formation dans la banlieue. L’objectif sur le long terme est de monter une école de formation. Nous sommes dans la phase de développement et nous en sommes à la troisième année.
A Dakar on connait les profils des formateurs, leurs expériences dans le métier et leurs capacités pédagogiques. Ceux sont des gens du métier que j’ai côtoyé durant trente ans. Ca été facile de les identifier et de les amener à adhérer. Même si nous sommes assez éloigner de Dakar, où tout se passe, aussi bien sur le plan musique, sound-design, entreprenariat les enseignants viennent donner des cours. Je suis vraiment ravi que mes collègues me suivent dans ce projet de formation que nous avons mis en place. »
Fabrication des idées
« Comme son nom l’indique, nous avons voulu mettre en place un lieu de fabrication des idées. Un espace où l’on peut se rencontrer discuter déjà et partager les premières idées qu’on a par rapport à nos projets tout en garantissant les moyens et les infrastructures de faisabilité. Réfléchir, échanger et produire ! En quelque sorte nous sommes un incubateur où celui qui porte une idée peut venir et partager avec nous. Nous avons une résidence, deux studios, des productions externes comme la Ferme Factory, qui peut sembler décaler mais qui est lié. L’art est un domaine transversal, qui peut impacter sur l’économie, dans tous les secteurs et tous les domaines. »
Ferme Factory
« C’est une téléréalité que nous produisons sur l’agriculture. L’idée c’est que les jeunes deviennent agri-preneurs, des agriculteurs et des entrepreneures, afin qu’ils deviennent autonomes et gèrent eux même leurs fermes. Pendant six mois ils sont incubés dans une ferme. L’année dernière c’était Dans le village d’Agababou à Ngégniene près de Joal , cette année c’est à Thieppe dans le département de Kébémer. Durant quatre à six mois, ils travaillent la terre, font toutes les activités de coaching mais pas seulement. Il y’a un encadrement assez intéressant pour une mise en épreuve très rude.
L’objectif c’est d’apprendre les vertus du travail et de la vie sociale (savoir partager, être solidaire, apprendre ces notions de résiliences.) Faire un vrai travail de développement personnel avant de prétendre devenir des agri-preneurs. C’est aussi comprendre la valeur de la terre, le respect de l’environnement, les notions d’écologie, de biodiversité. Toutes ces préoccupations majeures, ces thématiques sont développées. Ce programme essaye d’apporter une solution à l’emploi et essaye de faire en sorte que les jeunes restent dans ce pays et qu’ils comprennent que les enjeux sont sur le continent. Après ca n’empêche personne de voyager au contraire, c’est porter ces idées à l’autre bout du monde. Dès qu’ils finissent les mois d’incubations et de compétition, les 23 lauréats ont chacun une ferme équipée et aménagée sur les site des ferme waar wi de Anida . Ainsi ils peuvent semer, récolter et vendre dès la première année. Ils vont dans les foires et salons au Sénégal et à l’international. »
Production
« Le premier aspect c’est l’offre de service. La Factory possède deux studios qui ont servis à différents projets musicaux depuis 2012. On loue notre espace avec la technologie qu’il a et du personnel technique compétant. Parfois nous accompagnons les projets dans leurs développements. Quand Wally Seck est venu au début de sa carrière, nous l’avons accompagné dans l’enregistrement et nous avons essayé de voir ce qu’on pouvait lui apporter avec toutes les ressources que nous avions. Ce type de relation, nous l’avons eu avec des artistes qui ont composé 80% des produits que vous avez entendus au Sénégal entre 2012 et 2017.
Nous ne sommes dans un rapport de producteur à artiste. Ceux qui ont occupé nos espaces les ont loués, nous étions dans une relation commerciale mais pas que. Souvent, parce qu’on noue aussi des relations avec ces artistes, nous avons joué le rôle de Directeur Artistique. Parfois nous nous occupions de la coordination, du montage et du développement des projets. Avec ce studio, nous faisons notre boulot tel que nous sommes. Un travail de l’ombre. On n’est pas la pour concurrencer l’artiste. Ça ne nous ressemble pas. On est dans l’offre de service et la demande.
L’autre aspect de la Factory c’est le côté production. Il nous arrive de monter nos propres projets. Ils nous arrivent aussi d’avoir nos couts de cœur. Il y’en a eu beaucoup à qui nous avons tendu la main, et accompagné. Des artistes qui aujourd’hui sont devenus autonome et qui commencent à rayonner. C’est aussi pour rester dans l’esprit de Fabrique.
Hervé Samb, par exemple, qui a enregistré son album Téranga à la Factory, ce n’était pas que du business, ça été une relation humaine et artistique. Hervé pendant des années a accompagné Omar Pêne, dans les tournées, les concerts à l’étranger. Il a contribué à porter le projet d’Omar. Il était très impliqué. Dans les nombreuses discussions que nous avons eues, je percevais son envie de revenir au Sénégal. Pendant plusieurs années on a échangé et réfléchit à ce projet. Cette envie de renouer avec les sonorités, les mélodies qui découlent de notre folklore. Il y’avait assez de matière et de référence pour avoir un projet de cette qualité. Hervé l’a fait et nous sommes très fières de lui et de ce projet qui a été produit au Sénégal. Nous répondons aux normes. Nous pouvons nous positionner au niveau du marché international. Les artistes de l’extérieur n’ont plus besoin de se pauser des questions quand ils veulent produire au Sénégal. C’est juste un échange de fiche technique. Ca rassure tout le monde.
Le projet Women Groove a aussi été produit ici. L’idée était de positionner des voix de femmes sur la scène en étant accompagné par des hommes. Je voulais faire quelque chose de différents de ce que je faisais avec Omar Pêne. Women Groove c’est un mélange de tout ce que j’ai entendu comme sonorité durant mes voyages musicaux et les tournées avec Omar Pêne. C’est la guitare et la fraicheur d’Hervé Samb qui ont accompagné ce projet. Ce produit fait aussi notre fierté car il voyage sur les scènes du Nord, du Sud un peu partout en Afrique. Nous travaillons sur une nouvelle version du projet, Women Groove live. Nous voulons donner l’espace à d’autres voix de femmes, des artistes de la nouvelle vague, qui en auront besoin. Il y’aura des activités de plaidoyer pour les femmes. »
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